Aricle 1. L’État tergiverse
Coincé entre le poids du nucléaire et le verdissement de l’énergie, l’État hésite et formule des propositions dans la précipitation.
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L’heure des choix approche. Le ministère de la Transition écologique et solidaire révisera la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) avant la fin de l’année. L’enjeu est de savoir si cet outil de pilotage énergétique (voir l’infographie sur les ENR, p. 55) suivra ou non la ligne dictée par la loi de transition énergétique votée en 2015. Si oui, la politique de soutien aux énergies renouvelables (ENR) sera confortée. Mais à cause d’enjeux stratégiques, notamment ceux du nucléaire, rien n’est moins sûr. Face aux difficultés rencontrées par les filières ENR, le secrétaire d’État Sébastien Lecornu a mis en place trois groupes de travail sur l’éolien, la méthanisation et le solaire qui ont débouché sur un plan d’actions (voir encadrés).
L’administration freine
Ce faisant, il s’est montré pragmatique en proposant des mesures satisfaisant le plus grand nombre, mais pas forcément le monde agricole. Le relatif succès de cette initiative a quelque peu éclipsé une autre démarche, celle de la consultation publique qui s’est déroulée entre mars et juin sur la PPE. Elle a mobilisé 8 000 participants et recueilli 15 000 contributions en ligne. Verdict : « Il ne faut plus opposer nucléaire et renouvelable ». Les grands objectifs de la loi de transition énergétique sont aussi confortés. Les Français qui se sont exprimés veulent enfin une gouvernance plus claire de l’énergie. Mais lors d’un point d’étape sur la SNBC (1) et la PPE le 19 juillet, la direction générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) n’a pas insufflé un vent d’optimisme. L’administration souhaite en effet plutôt fixer des objectifs réalistes. Résultat : aucun des prochains budgets carbone ne sera respecté. La France devrait émettre 18 millions de tonnes par an de gaz à effet de serre (GES) en trop sur le budget 2015-2018, soit 458 Mt. Idem pour la suite, les efforts sont reportés. La faute au transport et au logement. En conséquence, l’objectif de la loi sur la transition énergétique de 32 % d’ENR en 2030 est étudié à la baisse, à 31 %. Si cela était confirmé, les répercussions sur les futurs appels d’offres seraient directes. Cela signifierait aussi une nouvelle fois qu’aucune décision n’est prise pour le parc nucléaire. Nicolas Hulot s’est pourtant engagé à ce que la future PPE soit accompagnée d’un échéancier pour la fermeture des centrales les plus anciennes. Une autre inconnue réside dans la future stratégie du pays à propos de l’hydrogène, solution pour la mobilité et pour le stockage de l’électricité. En effet, la DGEC mise sur une forte croissance de la production d’hydrogène à partir de 2025-2030, ce qui serait cohérent avec une fourniture d’électricité d’origine nucléaire réduite à hauteur de 50 %, soit l’objectif de la loi de 2015. Une présentation de la PPE est attendue courant septembre. PPE et SNBC doivent officiellement être entérinées d’ici la fin décembre.
(1) La Stratégie nationale bas carbone programme la baisse des émissions de gaz à effet de serre à réaliser ces prochaines années dans tous les secteurs. Elle vise la neutralité carbone en 2050.
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